Ouvrages taromantiques
anglophones
Dès que l'on se penche sur la littérature tarotique, il en ressort deux tendances : l'une taromantique (donc orientée vers la divination, et que l'on trouve en anglais dès la fin du XIXe siècle) et l'autre historique (à partir des années 1970). Cet article traite du premier aspect : la tendance divinatoire. Afin de ne pas se perdre dans les méandres des nombreuses publications de ce domaine, j'ai retenu trois ouvrages, à la fois pour leur ancienneté, mais aussi pour l'autorité qu'ils incarnent encore aujourd'hui. Voici donc ce que l'on pourrait appeler le top-three de la littérature anglaise taromantique. |
Préambule
Les premiers ouvrages abordant l'utilisation du tarot
à des fins divinatoires sont français. On
les doit à Court de Gébelin (Le
monde primitif analysé et comparé avec le monde moderne,
vol. VIII, 1781), Etteilla (Manière
de se recréer avec le jeu de cartes nommées tarots, 1783)
et Éliphas Lévi (Dogme
et rituel de la haute magie, milieu XIXe siècle). Après
une période creuse, Papus relance le tarot à la fin du XIXe
siècle (Le Tarot des
Bohémiens, clef
absolue des sciences occultes, 1889). Aucun ouvrage
anglais n'existait alors. Avec la traduction anglaise d'extraits de Dogme et rituel de
Lévi, Arthur Edward Waite propose pour la première fois en anglais une
étude sur les tarots (The
Mysteries of Magic, 1886). Cet ouvrage sera
la porte d'entrée vers la taromancie pour de nouveaux lecteurs et une
source d'inspiration pour les premiers auteurs
anglais dans ce domaine.
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![]() Trois des premiers
ouvrages en langue anglaise traitant du tarot en tant qu'outil
divinatoire.
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1888 : The tarot
Samuel Liddell MacGregor Mathers (1854 - 1918) est un
personnage excentrique et marginal. Il a été
membre de divers groupes : la franc-maçonnerie,
la Societas
Rosicruciana in Anglia
(SRIA) et il co-fonda en 1888 la Hermetic
Order of the Golden Dawn. C'est l'année de
la création de la Golden Dawn que Mathers publia un essai sur le tarot.
Ce petit ouvrage de poche (95 mm x 125 mm), relié-toilé et à la couverture figurant une dame de trèfle gaufrée-dorée présente une étude globale sur les tarots. Les 60 pages couvrent un historique du tarot en tant qu'outil divinatoire, un exposé des soixante-dix-huit cartes numérotées de 1 à 77, et une méthode de tirage. Mathers S'inspire des idées d'Antoine Court de Gébelin, d'Etteilla, d'Éliphas Lévi, de Paul Christian et de Vaillant. Sa principale contribution au tarot est la nomenclature de certains atouts : 1 :The Magician ; 2 : The High Priestess ; 5 : The Hierophant ; 16 : The Lightning-struck Tower ; 20 : The Last Judgment ; 21 : The Universe. Reprenant Paul Christian, il nomme les bâtons « Sceptres », et les deniers « Pentacles ». Vendu orignellement 5 shillings, le livre était accompagné d'un jeu de tarot à figures réversibles, qui était spécialement importé. Cet ouvrage a été réédité récemment plusieurs fois, mais jamais traduit en français. |
![]() ![]() The Tarot : its
occult signification in fortune telling and method of play
(détail de la couverture et page de titre)
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1911 : The pictorial key to the
tarot
Arthur Edward Waite (1857
- 1942), est un occultiste américano-britannique. En 1886, il
traduit des extraits de Dogme
et rituel de
Lévi, et en 1892 Le
tarot des Bohémiens de Papus. Plus tard,
il intégre
l’Ordre
hermétique de la Golden
Dawn en 1891 et la Societas
Rosicruciana in
Anglia en 1902. Suite à des conflits internes, il quitte
la Golden Dawn
en 1914. C'est peu avant, en 1910, qu'il fait
dessiner par Pamela
Coleman Smith un tarot de 78 arcanes, accompagné du livre The key to
the Tarot édités par Rider. L'année suivant, l'ouvrage est
augmenté
et réédité sous le titre The
pictorial key to the tarot.
Le livre de Waite (140 cm x 190 cm, 340 pages) traite également les 78 arcanes, mais cette fois à partir de son propre tarot à l'imagerie spécifique. Il reprend ou s'inspire des noms proposés par Mathers : 1 : The Magician ; 2 : The High Priestess ; 5 : The Hierophant ; 16 : The Tower, et nomme les bâtons Wands. Afin d'être en concordance avec un système défini par la Golden Dawn, il inverse la place de la force (8) et de la justice (11). Cet ouvrage a été de nombreuses fois réédité, mais jamais traduit en français. On trouve toutefois quelques méthodes dédiées au tarot Rider Waite Smith, écrites par des auteurs français. |
![]() Couverture gaufrée-dorée avec
le titre en en-têt et un ouroboros entourant le nom de l'auteur, en
pied.
![]() Page de titre.
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1944 : The book of Thoth
Edward Alexander Crowley (1875 – 1947) est
un écrivain, occultiste et astrologue britannique. De ses
divers noms d'emprunts (Maître Therion, Frater Perdurabo ou The Great
Beast 666), on retient aujourd'hui celui d'Aleister Crowley. Ce
sulfureux ésotériste, lui aussi membre de la Golden Dawn créé son tarot
au crépuscule de sa vie. En 1942, il conçoit avec Frieda Harris
soixante-dix-huit arcanes qu'elle
réalise en aquarelles. Ce tarot divinatoire mélange diverses
influences : magie occidentale, Golden Dawn, gnose, bouddhisme
tantrique, chimie
et freudisme. Deux ans plus tard, Crowley, sous le nom de The Master Therion,
publie The Book
of Thot (1944) un volume limité à deux-mille exemplaires.
Cet ouvrage est structuré en quatre parties : la théorie du tarot ; les atouts (qu'il nomme Atu, keys ou trump) ; les figures (court cards) ; et les numérales (small card). Comme ses prédécesseurs, Crowley s'inspire des noms déjà modifiés et y apporte sa propre contribution : 1 : The Juggler ; 8 : Adjustment ; 11 : Lust ; 14 : Art ; 16 : The house of God ; 20 : Aeon ; 21 : The Universe. Le nom des quatre couleurs correspond parfaitement avec les armes élémentales utilisées dans les rituels de la Golden Dawn : Wands, Sword, Cups et Discs. Les cartes numérales sont mises en adéquation avec le système astrologique des décans. Après de très nombreuses rééditions anglaises, c'est en 1994, que cet ouvrage a finalement été traduit en français. |
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Et pour les ouvrages historiques
?
Tel que mentionné en introduction de cet article, le
sujet traité ici ne porte que sur les écrits orienté vers la
divination. Toutefois, afin d'orienter les historiens en herbe, voici
quelques ouvrages :
1975 : The Tarot Richard Cavendish 1978-1990 : The encyclopedia of Tarot (4 volumes) Stuart R. Kaplan 1980 : The Tarot Michael Dummett 1996 : A wicked pack of tarot cards (the origins of the occult tarot) Ronald Decker, Thierry Depaulis & Michael Dummett 2002 : A history of the occult tarot Ronald Decker & Michael Dummett |
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Articles connexes ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |