Il y a ceux qui utilisent les tarots pour jouer, ceux qui les tirent pour révéler la bonne aventure ou obtenir des oracles, ceux qui les collectionnent et les trient par époque, par genre ou par taille… et il y a ceux (plus rares), qui les encadrent. Alors pour eux, se pose la question de la disposition de ces vingt-deux images dans un cadre généralement rectangulaire. Les combinaisons sont nombreuses, pour ne pas dire infinies. Voici quelques modèles et idées pour dégrossir le sujet. 

Mathématiquement, les vingt-deux arcanes ne permettent que deux combinaisons : 1 × 22 (donc toutes les cartes en une seule ligne ou une seule colonne) et 2 × 11. La première possibilité que nous n'illustrons pas dans cet article, n'est pourtant pas inintéressante, mais il faut disposer d'un mur approprié pour mettre en valeur un tel format, très allongé.

La deuxième option, en deux lignes de onze cartes permet quelques sous variantes. Retenons d'abord celle que propose Oswald Wirth dans le Tarot des imagiers du Moyen Âge, dans laquelles la première ligne déploie les arcanes 1 à 11, et la seconde de 12 à 22 (le Fou pouvant prendre la valeur 0 ou 22). Dans le même type de disposition, on peut ordonner les arcanes autrement, de 1 à 10 en première ligne et de 11 à 20 en seconde. Le Fou (0) et le Monde sont placés tout à droite, l'un sous l'autre. Numérologiquement, l'intérêt de cette disposition est de mettre en rapport les arcanes dont l'écart est de 10, ceux du dessous étant numérotés comme ceux du dessus, mais avec un X romain en plus. Ces deux présentation donnent un format assez allongé, ce qui peut ne pas convenir au mur qui leur est destiné.

Pour pallier cela, on peut tout en conservant une certaine cohérence avec le sens des arcanes, placer le Mat au dessus des deux rangées d'arcanes et le Monde en dessous (ou le contraire), tel qu'illustré ci-contre. Symboliquement, cela semble associer les arcanes d'en bas avec la terre et ceux d'en haut avec le ciel, ou encore le monde souterrain et celui à la surface. Dans ces deux cas, on aura tendance à placer le Mat en bas et le Monde en haut et inverser les deux rangées de dix arcanes.

En mettant à part  une carte, on se retrouve alors avec vingt-et-une images, ce qui permet une nouvelle combinaisons de 3 × 7 = 21. Le vingt-deuxième arcane manquant (typiquement le Mat) peut venir se placer n'importe où autour du rectangle obtenu par les vingt-et-une cartes (ci-contre à gauche du Bateleur, ce qui convient au numéro zéro qu'on lui attribue parfois et le faisant donc précéder la première carte du Bateleur).

Une autre possibilité consiste à retirer un arcane afin de disposer d'un rectangle parfait. C'est le choix qu'a fait le Musée de l'Homme, dans la première salle de l'exposition permanente, nommée « Qui sommes-nous ? », section culturelle consacrée à la complexité de la pensée humaine vis-à-vis de la mort, de l'art et du territoire. Dans cette option, le musée a astucieusement exposé la carte en question, en la détachant sur une tige en avant, devant l'ensemble des vingt-et-une autres cartes. 

En retirant deux cartes, le Mat et le Monde, on se retrouve avec vingt cartes, ce qui permet des combinaisons supplémentaires : 2 × 10 = 20 et 4 × 5 = 20. Symboliquement, cette dernière disposition est intéressante, car elle divise les arcanes majeurs en quatre groupes. Selon le sens qu'on leur attribue, ils peuvent faire référence aux quatre couleurs du tarot : denier, bâton, épée et coupe (possibilité décrite et développée dans cet article sur la numérologie et le cercle chromatique). Ces quatre familles peuvent aussi se référer aux critères des profils psychologiques de Carl Gustav Jung. Quel que soit l'analogie qu'on attribue à cette quaternité, cette division se retrouve dans de nombreuses représentations de l'univers ou de l'individualité (tétramorphe, quatre éléments, etc.) dont les représentations en cercle annoncent le mandala (voir plus loin).

En adoptant toujours la division 4 × 5 = 20, on peut inverser les lignes et les colonnes, ce qui permet de disposer les arcanes dans un sens de lecture naturel pour nous occidentaux : de gauche à droite et de haut en bas. Cela donne un format plus en hauteur, comme ci contre avec le Mat (considéré comme zéro) précédant logiquement le Bateleur (I) et le Monde (XXI) suivant le Jugement (XX). On peut aussi augmenter la hauteur du cadre en disposant le Mat au dessus du Bateleur (I) et le Monde (XXI) en dessous du Jugement (XX)

En cherchant un peu, on peut adopter toutes sortes de formes qui nous sortent du rectangle et du carré. Il suffit pour cela de jouer au jeu du dessin en pixels auxquels certains d'entre-nous se sont adonnés dans les coins de leur cahier d'écolier. L'exemple ci-contre, triangulaire et pouvant évoquer une pyramide, semble bien approprié à un tarot égyptien, tel que le Tarot de la transition, le Egipcios Kier ou les incontournables Tarot de Papus et Tarots d'Etteilla.

Plus osé et pourtant terriblement efficace, la disposition en mandala est aujourd'hui une évidence qui semble avoir été introduite pour la première fois par Oswald Wirth dans son Tarot des imagiers du Moyen-âge sous forme de vingt-deux arcanes en cercle. Il le présente à nouveau dans son Introduction à l'étude du tarot que nous proposons en édition augmentée.

La variante présentée ci-contre ne dispose que vingt arcanes en cercle, deux d'entre-eux étant mis à part et disposés au centre. Cela permet l'analogie avec les quatre couleurs (décrite plus haut avec le modèle 4 × 5 = 20), permettant d'associer les arcanes majeurs aux quatre couleurs du tarot, telle qu'on la retrouve également dans la roue chromatique du tarot de Blain.

Bien entendu, ces quelques pistes peuvent varier à l'infini. Rien ne vous empêche de modifier l'ordre des arcanes suivant les théories de votre tarologue préféré ou selon votre propre sensibilité. Vous pouvez aussi disposer les arcanes en vrac, pour raconter votre propre histoire, à la manière des récits d'Italo Calvino dans son fameux Chateau des destins croisés. En tout cas, prenez votre temps pour trouver une organisation qui vous parle et profitez de ce moment de méditation pour expérimenter de nouvelles possibilités.