C'est au sud de la Toscane, à Garavicchio de Pescia Fiorentina, que se trouve il Giardino dei Tarocchi. Conçu par Niki de Saint Phalle (1930-2002) avec l'aide de Jean Tinguely entre 1979 et 1993, ce jardin présente des sculptures géantes inspirées par les vingt-deux arcanes majeurs du tarot.  Suivez le guide…

Je connaissais un peu le travail de Niki de Saint Phalle en général et en particulier celui autour des tarots à partir de quelques ouvrages et sites web, ainsi que par son jeu de tarot imprimé en quinze couleurs. Mais je ne m'attendais pas à une telle émotion. C'est un lieu à la fois paisible et riches en messages qui, bien qu'étant très autobiographiques, nous évoquent toutes les situations auxquelles la vie nous confronte, heureuses et malheureuses. 

Présenté en ces termes, cela ne semble être ni plus ni moins qu'un tarot de plus, mais l'ampleur des sculptures et la richesse d'images, de textures et d'architecture donnent à cet espace une dimension qui va bien au-delà de la simple adaptation. On sent l'investissement personnel de l'artiste, une passion que rien ne peut arrêter et qui ne peut trouver de repos que dans l'accomplissement de son œuvre.

Ce lieu intime appartient à tout le monde. Tout y est montré sans retenue ni fausse pudeur. Après la visite des batiments et des grandes sculptures ont peut continuer la promenade vers le jardin arrière. Ici tout y est plus paisible, la nature reprend le dessus et on croise ça et là l'hermite ou les amoureux. Derrière une rangée de buisson, un peu à l'écart, on découvre un grand bassin dans lequel se trouve Tempérance qui y déverse ses deux cruches. Quelques bancs autour nous invitent à nous reposer là et à méditer sur cette scène.

La visite se termine évidemment par le rituel passage en boutique où l'on peut trouver toutes sortes d'objets (tee-shirts, tasses, foulards, etc.) représentant des œuvres de Niki de Saint Phalle. En hauteur sur les murs sont exposées quelques planches originales. C'est là que j'ai découvert une série de dessins accompagnées d'un mot qui m'était destiné : « Cher Igor, Bonjour ! ». Ce mot ne s'adressait bien entendu pas à moi, mais à Igor Stravinsky pour lequel Niki et Jean avaient réalisé une série d'illustrations dédiées à quelques œuvres du musicien : le rossignol, ragtime, l'éléphant, l'oiseau de feu…